Connaissez-vous vraiment l'origine du cacao ?
Si on vous interroge sur le pays berceau du cacao, vous répondrez très certainement le Mexique. Puisque c'est ce qui a très longtemps été écrit quand on relatait les origines de la culture de ce fruit et les étapes qui ont ensuite donné naissance à notre ère moderne à la tablette de chocolat. Pourtant, depuis plusieurs années, des découvertes archéologiques ont ébranlé ces connaissances que l'on pensait parfaitement acquises.
De passage dans le Gers vous pourrez vivre cette petite révolution dans le monde du cacao en faisant une halte à la chocolaterie Ethiquable. Elle y loge depuis peu la reproduction d'un objet ayant bouleversé le monde du cacao. Un vase à étrier, ayant renfermé des traces de cacao, a livré au moment de sa découverte des informations importantes quant à la domestication du cacao.
La chocolaterie Ethiquable accueille le témoin rare des toutes premières traces de cacao dans le monde
Le 6 novembre 2024, le parcours de visite de la chocolaterie Ethiquable a été choisi par l’Équateur pour accueillir, en France, dans son espace dédié à la compréhension du chocolat, cette pièce exceptionnelle relative à la domestication du cacao.
Il s'agit d'une réplique authentique de la céramique cérémonielle, découverte en 2018 sur le site archéologique Santa Ana La Florida près de Palanda en Equateur.
Les toutes premières traces de l’utilisation du cacao par les Hommes remontent à plus de 5 000 ans
Ce vase bouscule l’idée selon laquelle les premiers consommateurs de cacao seraient les Mayas et les Aztèques du Mexique. L’archéologue Francisco Valdez et son équipe franco-équatorienne ont mis au jour des résidus d'amidon de cacao à l'intérieur de l'artefact indiquant la présence d'une boisson à base de fèves. La datation carbone révèle que ces résidus appartiennent à une période située entre 3500 av. J.-C. et 3200 av. J.-C. Les Palandas ont ainsi domestiqué le cacao environ 2 000 ans avant les communautés d'Amérique centrale !
L'humanité a ainsi commencé à domestiquer et à cultiver le cacao il y a environ 5500 ans
Le foyer originel du cacao
La découverte du vase à double effigie ouvre une nouvelle compréhension de l'histoire du cacao. La Haute Amazonie équatorienne est désormais le premier centre de culture du cacao identifié à ce jour, et non plus l'Amérique centrale. Il semble que le cacao amazonien ait été introduit sur la côte équatorienne et finalement transporté au mexique et en Méso-Amérique. La culture Mayo Chinchipe-Maranon a joué un rôle important dans la domestication et la diffusion du cacao. Elle marque les débuts de la consommation du cacao dans le monde entier.
Du chamane au jaguar
La présence de cacao dans ce vase s’explique car à l'époque, il était consommé comme boisson. "Les shamans consommaient des produits pour entrer en transe, notamment le cacao. Sur le vase, on distingue deux visages : le shaman dans sa forme humaine accompagné du jaguar pour illustrer sa transformation en animal.
Côté chamane : un menton et des joues arrondis suggèrent l'harmonie. Les sourcil étirés jusqu'aux tempes indiquent un bon-être intérieur.
Côté jaguar : les sourcils sont froncés, les traits secs. L'expression est sombre et courroucée. La bouche en forme de T évoque le museau d'un jaguar.
Une mise en lumière des variétés natives et du savoir-faire des petits producteurs
C’est pour notre travail d’appui, à travers le commerce équitable, aux communautés paysannes perpétuant la culture de variétés natives de cacao, que l’ambassade d’Équateur a choisi de nous cette reproduction.
C'est avec beaucoup d'émotions, que des représentant des coopératives équatoriennes de FAPECAFES et de FONMSOEAM ont témoigné du travail qu’ils réalisent pour maintenir le cacao nacional, la variété emblématique équatorienne. Des travaux sur l’ADN des cacaoyers menés par le CIRAD montrent une nette relation entre le Nacional et l’échantillon présent dans le vase à étrier. Ce cacao fin réputé mondialement pour ses arômes floraux mérite son titre de ressource patrimoniale naturelle et culturelle promulgué par l'État équatorien.
"Les producteurs sont allés sur des variétés hybrides pour avoir plus de productions. Aujourd’hui, ce qui est intéressant de constater, c’est que c’est en Équateur que les petits producteurs préservent la variété nacional ou ses variantes. Il est fort probable que, demain, ce soient les organisations de producteurs de cacao bio et équitables qui soient les seules à maintenir cette variété"
Javier Latorre, représentant de l'ambassade d'Equateur
Productice de la coopérative UNOCACE en Equateur dans une parcelle de cacao variété nacional