Le Symbole Producteurs Paysans (SPP) est un label de commerce équitable créé par la CLAC, la fédération des producteurs latino-américains du commerce équitable.
C’est le premier système de garanti du commerce équitable dont le cahier des charges appartient aux producteurs. Son but : distinguer les produits équitables issus des organisations de petits producteurs de ceux provenant des plantations. ETHIQUABLE est la première entreprise européenne à adopter ce label avec plusieurs produits d'ores et déjà certifiés.
Notre choix de soutenir le Symbole Producteurs Paysans
ETHIQUABLE a choisi de soutenir le Symbole Producteurs Paysans car notre lecture des enjeux du commerce équitable est proche de celle de la CLAC : il est nécessaire de réaffirmer les valeurs fondatrices du commerce équitable et de proposer cette garantie à nos consommateurs.
Nos partenaires historiques en Amérique latine ont été parmi les coopératives pionnières dans la construction du SPP. Et c’est à leur demande que nous avons décidé d’adopter le SPP comme garantie équitable sur nos produits.
De nombreuses entreprises aux Etats-Unis et au Canada adoptent le SPP : Notre alter ego américain, l’entreprise coopérative Equal Exchange, utilise ce nouveau label sur tous ses produits. Les marques outre-atlantiques engagées du commerce équitable ne se reconnaissent en effet pas dans les nouvelles orientations prises par Fairtrade USA, le Max Havelaar local. Depuis leur séparation de Fairtrade International, Fairtrade USA fait le choix d’étendre la certification des plantations à tous les produits, y compris le café, et d’intégrer toutes sortes d’acteur dans le système certifié (entreprises d’exportation, agriculture sous contrat, etc.). Le label Producteurs Paysans pourrait donc avoir un bel avenir en Amérique du Nord.Un cahier des charges appartenant aux producteurs mais un contrôle indépendant
De notre point de vue, la force du Symbole Producteurs Paysans est l’appartenance du cahier des charges aux producteurs eux-mêmes. Même si le contrôle est délégué à des organismes accrédités externes au même titre que les labels Max Havelaar/Fairtrade et Ecocert Equitable, les critères sont définis par les producteurs. Les prix minimum garantis par exemple sont définis par des commissions par filière de la CLAC, à partir d'analyse de terrain. Ils sont davantage l'expression du point de vue des producteurs que des autres acteurs des filières.
Le Symbole Producteurs Paysans est une garantie indépendante. Les audits sont effectués par les organismes de contrôle qui réalisent également la certification agriculture biologique des coopératives : Certimex, Mayacert, BCS, Biolatina et Imo Control. A ce titre comme les coopératives avec lesquelles nous travaillons, ETHIQUABLE a également été soumis à une visite d’audit (réalisée par BCS sur notre site de Fleurance).
Retrouver les fondements du commerce équitable
Le SPP fait le choix d’un commerce équitable strictement centré les plus petits producteurs. Il propose de revenir à un commerce équitable pensé comme un outil d’accompagnement au développement. Contrairement aux autres labels de commerce équitable, le SPP prévoit donc des critères précis pour définir ce qu’est un petit producteur.
Définition du petit producteur du SPP. Au maximum 15 hectares pour le café, 1 hectare de serres ou 500 ruches pour produire du miel. Pour être accréditée, une organisation de producteurs doit être constituée d’au moins 85% de producteurs avec ce profil, les 15% restant ne peuvent avoir plus de 3 fois les surfaces maximum, seuls 3% peuvent avoir au plus 6 fois la surface minimum.Ce label de commerce équitable veut être un moyen de compenser les désavantages de producteurs parmi les plus marginalisés.
Par ailleurs, le SPP fait le choix de coopératives paysannes qui exportent elles-mêmes. De cette façon le SPP souhaite écarter les situations devenues très nombreuses d’exportateurs certifiés commerce équitable qui collectent auprès d’organisations de producteurs sans que celles-ci n’aient de l’autonomie et des réelles capacités de gestion. Le SPP renoue ainsi avec l’esprit initial du commerce équitable qui consiste à organiser un accès direct des coopératives au marché en favorisant leur capacité à exporter directement. Le Symbole des Producteurs Paysans sélectionne également des organisations de producteurs, qui au-delà de l’aspect commercial, ont une vision de développement plus large et une volonté de défendre les intérêts des petits producteurs face aux autres acteurs (Etat, collectivités, entreprises des filières, etc.). Le cahier des charges contient des critères précis en faveur de l’indépendance et l’émancipation des organisations de producteurs.
De la même façon, le SPP redonne du sens à la notion de prix minimum garanti, avec des niveaux plus élevés. En effet, un prix minimum garanti équitable trop bas que les cours internationaux n’atteignent jamais n’a que peu de sens. En raison de coûts de production en hausse ces dernières années, le SPP a revalorisé les prix du café. Ils sont 220 USD/sac minimum (prix garanti 160 USD/sac + prime bio et équitable 60 USD/sac), alors que pour le label FLO il est de 190 USD/sac minimum (prix garanti 140 USD/sac + prime bio et équitable 50 USD/sac). Pour une entreprise engagée comme ETHIQUABLE, ces niveaux de prix ne posent pas de difficultés puisque nous pratiquons déjà des prix plus élevés.
Qui est à l'origine de ce label ?
La fédération des producteurs latino-américains du commerce équitable, CLAC, est à l'origine du label SPP. Elle est constituée de 300 organisations de producteurs du commerce équitable d’Amérique latine. Elle rassemble 200.000 familles de producteurs, soit plus d’un million de personnes.
Au cours de la dernière décennie, les producteurs du commerce équitable ont réalisé de nombreuses rencontres nationales ou continentales. Ces rencontres sont essentielles. Elles constituent un formidable espace d’éducation populaire et d’échange d’expériences entre leaders paysans.
Au fil des ans, nous avons assisté à l’émergence de positions communes et structurées des producteurs sur des questions liées aux filières équitables ou à la certification. Ces positions ont d’ailleurs été constamment défendues par les représentants de la CLAC dans les différentes instances du label Fairtrade/Max Havelaar - FLO, notamment sur la question des prix minimum garantis ou d’autres critères d’importance du cahier des charges.
Pourquoi créer un nouveau label équitable ?
Le refus de l’intégration des plantations dans le commerce équitable a été depuis le début une question majeure qui fédère l’ensemble des organisations de producteurs de la CLAC. L’exclusion des grandes entreprises de production est donc devenu un point clé du cahier des charges du SPP, contrairement aux labels Fairtrade/Max Havelaar et Ecocert Equitable qui reconnaissent les plantations et les associations des travailleurs salariés (bénéficiaires de la prime de développement du commerce équitable).
Le point de discorde le plus important concerne la possibilité d’intégrer les plantations de café d’Amérique latine dans le commerce équitable.
Dès 2002, Fair Trade USA, la branche américaine de FLO, envisage cette solution pour satisfaire la demande de l’industrie du café. Pour les coopératives latino-américaines qui se sont construites historiquement sur l’opposition latifundio – minifundio, l’intégration des plantations de café est tout simplement inacceptable.
Au Mexique par exemple le latifundio de café existait grâce à une main d’œuvre paysanne servile et appauvrie. Les paysans pratiquaient une agriculture de subsistance sur leurs lopins de terre. Pour survivre, ils vendaient leurs services pendant la récolte à vil prix. Depuis les années 60, ces communautés paysannes se sont battues pour obtenir des terres et cultiver leur propre café. On comprend pourquoi les coopératives de petits producteurs qui sont issues de cette histoire ne peuvent imaginer aujourd’hui que des plantations puissent s’intégrer au commerce équitable.Pendant dix ans, la CLAC et l’ensemble des coopératives de base ont porté ce débat dans les instances du label FLO. Il a été décidé que l’intégration des plantations serait limitée au thé, à la banane et aux fleurs. Le café, le cacao, le sucre devraient rester pour le moment réservés aux organisations de petits producteurs.
La question concurrence déloyale au sein du commerce équitable
L’argument principal de la CLAC pour refuser les plantations est le constat d’une concurrence déloyale entre ces entreprises agro-industrielles et les petits producteurs. Non pas parce que les paysans auraient une moindre productivité que les plantations. Au contraire, les paysans pratiquent souvent un système proche du jardinage avec des systèmes agroforestiers. Ils apportent beaucoup de soins et de travail à leurs petites parcelles.
L'agriculture paysanne est souvent plus efficace car elle génère une valeur ajoutée par hectare plus élevée que les grands domaines.
L’expérience montre que les petits producteurs sont en mesure de produire des produits d’exportation de qualité, avec une efficacité économique certaine. Même pour la banane qui est pourtant une production « très technique », 50% des fruits destinés au commerce équitable proviennent de petits producteurs (le reste de plantations). Cela montre bien que c’est possible de construire des filières équitables de banane sur la base d’une production paysanne.
La concurrence déloyale s’exprime surtout pour l’accès au marché. Dans le monde du commerce international, un importateur préfère en général traiter avec une entreprise agro-industrielle plutôt qu’avec une coopérative de producteurs.
Lorsque qu'au sein du commerce équitable on place les entreprises/plantations au même niveau que les coopératives de petits producteurs, l’expérience montre que ces derniers se trouvent en situation désavantageuse pour accéder au marché.
Une coopérative de petits producteurs de bananes aura ainsi beaucoup de difficultés à accéder dans de bonnes conditions aux cargos bananiers et surtout obtenir la même confiance des acheteurs que les grandes compagnies.