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Nous vous emmenons aux quatre coins du monde pour partager les dernières rencontres de notre équipe filière avec les producteurs.

L’équipe d’Ethiquable compte 11 agronomes, basés en France, en Équateur, au Pérou et à Madagascar. Leur mission est d'animer et pérenniser les partenariats de commerce équitable que nous construisons depuis 20 ans avec les coopératives.

Ils visitent en moyenne une fois par an chacune de nos 112 coopératives partenaires. Ils contractualisent les achats dans le cadre du commerce équitable, appuient les coopératives sur des thématiques comme la mise à jour de la certification bio et équitable, les contrôles qualité, etc, et identifient les projets pour accompagner le renforcement et le développement des organisations paysannes.

À leur charge, en somme, de vérifier que le prix d'achat équitable et notre suivi génèrent un impact durable pour les coopératives et leur membres.

 

Au Laos
des petits jardins de thé bio qui misent sur la culture agroforestière

Date de mission : avril 2024

Notre thé vert menthe intègre depuis peu le fruit de la récolte de la toute jeune coopérative Meung Tea Producers Cooperative. Ses 114 producteurs sont très investis dans une culture en bio pratiquée en partie sous ombrage dans des petits jardins, dont la cuillette est façonnée sur place. Un modèle rare, loin des grandes plantations issues du modèle colonial. C’est pour appuyer ce projet prometteur d’un point vue économique, écologique et social que nous sommes engagés en 2023 à soutenir leur production.

Arthur Gautier en charge de la relation avec la coopérative a fait le point sur le démarrage de notre partenariat. Il a pu découvrir les expérimentations de la coopérative autour de la mise en place de théiers taillés pour générer leur propre ombrage. Un projet prometteur et enthousiasmant tout comme la présentation de leur atelier, le seul atelier conduit par des producteurs dans la zone, permettant de transformer, quelques heures après la récolte, les feuilles de thé.

 

Dégustation de thé Ethiquable avec des employés de la manufacture de thé de la coopérative. Au centre Pankéo, trésorière de la coopérative.

Signature du contrat de commerce équitable avec Somphone Yemani, président de la coopérative

Découverte de la manufacture de thé aux mains des producteurs

Un test de taille de théier avec une branche non taillée au centre pour apporter de l'ombrage à l'ensemble de l'arbuste.

 

En Côte d’Ivoire
l’agroécologie est en marche

Date de mission : mai 2024

Créée en 2008 et certifiée biologique en 2010, la Société Coopérative Équitable du Bandama a été la première coopérative crée en 2010 à proposer du cacao bio en Côte d’Ivoire. Le premier producteur mondial de cacao est régulièrement pointé du doigt pour son modèle de production intensif, son impact sur la déforestation et son recours aux intrants chimiques (engrais de synthèse, pesticides, herbicides,...). La SCEB défend, de son côté, une autre manière de produire du cacao et a acquis une notoriété certaine dans le pays.

En plus de 10 ans, son modèle a essaimé et intéressé d’autres coopératives. Elles s’inspirent de son système de culture qui mise sur des pratiques agroécologiques innovantes pour lutter contre les ravageurs. Julien Tisserat agronome en charge de la relation avec la coopérative, était en visite chez eux au mois de mai. Il témoigne de l’intérêt croissant pour l’agroécologie dans la région.

 

 

Culture du cacao sous ombrage avec des Fraké (Terminalia superba), Kapokier (Bombax buonopozense),
Akpi (Ricinodendron heudelotii), Acacia Mangium, Gliricidia, Acajaou Bassam
Des bidons de solutions fabriquées au cœur de la coopérative pour lutter naturellement contre les ravageurs

Nicolas Eberhart et Julien Tisserat agronomes en visite à la coopérative rencontrent
ADROH AKA Nestor, président de la SCEB 

Mise en place de compost au cœur des parcelles de cacao des membres de la SCEB en Côte d'Ivoire

 

Au Pérou
pérenniser les variétés natives du cacao de la vallée des Incas

Date de mission : avril 2024

Le río Urubamba s’écoule dans la vallée sacrée des Incas, de Cusco au Machu Picchu, puis dévale les contreforts des Andes vers l’Amazonie. La coopérative Alto Urubamba a été fondée en 1967 et compte actuellement 227 membres, petits producteurs de cacao et de café. Beaucoup de ses membres sont issus de communautés autochtones telles que les "mashikengas", qui vivent en harmonie avec la nature et travaillent à la conservation de différentes variétés de cacao natif de cette région.
La coopérative Alto Urubamba relève ainsi le défi de revaloriser les variétés natives oubliées de cette région emblématique de l’histoire de l’Empire Inca.
Pour sa visite, Edisson Ramos, notre agronome chargé du suivi de cette coopérative et basé à Lima avait mis quelques tablettes dans ses bagages. C'est avec une grande fierté que les membres de la nouvelle direction de la coopérative ont accepté de poser avec le fruit de leur savoir-faire.

 

Durant la visite, Edisson Ramos a pu rencontrer les acteurs de la transformation du cacao. À gauche, brassage des fèves durant la fermentation en caisse. À droite, Sabina Rivera Huamanricra, productrice de cacao accompagnée de Fiorella Arapa Ramos, dégustatrice au sein de la coopérative.

Rencontre avec les nouveaux président et gérant de la coopérative, Mariano Asunción Vargas Enriquez et Edgar Araníbar

 

Une mission sur le terrain d'un agronome :
concrètement, ça veut dire quoi ?

Une mission de terrain est un temps particulier dans notre relation avec les producteurs

Une visite chez les producteurs est l'occasion d'aborder en profondeur un ensemble de questions que la relation au quotidien a tendance à mettre de côté. Les échanges au quotidien sont plus centrés sur l'organisation des achats (discuter les contrats, organiser la logistique, suivre la qualité et les projets en cours), tandis qu'un déplacement sur le terrain permet de faire le point global sur le partenariat avec la coopérative. Nous réalisons une sorte de diagnostic qui nous est précieux pour apporter des réponses qui s'inscrivent vraiment dans la dynamique que les producteurs ont définie. C'est aussi un temps de partage de notre vision politique du commerce équitable et de l’agriculture paysanne. 

La durée de la mission s'échelonne en moyenne sur 5 jours.
Schématiquement, 3 jours sont consacrés à des visites de parcelles de plusieurs membres de la coopérative avec des temps d'échanges, 1 journée avec le Conseil d'administration de la coopérative et 1 journée de visite des installations de la coopérative et de rencontre avec l'équipe salariée.

Notre cœur de métier est de rencontrer les producteurs dans les parcelles...

Les pratiques agricoles sont au centre des échanges. En fonction des terrains, les thèmes sont différents, mais globalement : 

⇢ nous abordons les problèmes agricoles que les producteurs rencontrent comme les maladies sur les cultures ou les conséquences du changement climatique (changement du rythme des pluies, etc.)

⇢ nous analysons de l’évolution et du degré d’adoption des pratiques agroécologiques et agroforestières

⇢ nous détaillons ensemble les coûts de production, en listant toutes les étapes culturales sur l'année, en détaillant le nombre d'heures de travail, le coût de la main-d'œuvre éventuelle pour la récolte, les pertes de cultures, les investissements, en reliant tous ces éléments à un rendement moyen, pour arriver à un coût de production au kg

⇢ nous cernons les contraintes (accès au crédit, prix bas, manque d'infrastructures, etc.), les services rendus par la coopérative, les besoins pour développer l'activité, etc.

⇢ nous échangeons sur les conditions socio-économiques (accès à l'éducation, à la santé, mais aussi accès aux infrastructures de transport, d'eau ou d'électricité) et sur les impacts du commerce équitable qu'ils identifient comme les investissements réalisés localement avec la prime du commerce équitable, etc.

Une rencontre avec 5 à 6 producteurs est fondamentale. Elle nous permet de vérifier si les prix payés par Ethiquable sont bien équitables - dans le sens où ils permettent effectivement de couvrir les coûts de production - et si ces prix sont réellement supérieurs aux prix payés par les collecteurs locaux ou les autres partenaires commerciaux des coopératives.

Échanger avec des producteurs, qui nous accueillent toujours très généreusement, donne envie à chaque fois de se battre pour la coopérative, de développer de nouveaux produits avec eux, d'augmenter les volumes pour accroître l'impact du commerce équitable. 
D'ailleurs, c'est souvent au détour de visites de parcelles que l'on découvre une nouvelle culture ou des plants de variétés anciennes, qui donnent l'envie de proposer de nouveaux produits.

... mais rencontrer la coopérative, pivot d'un effet levier en termes d'impact dans la durée, est essentiel.

Que ce soit avec le Conseil d'administration, le Président, le Gérant ou encore avec les salariés de la coopérative, nous passons en revue des questions incontournables pour bien cerner les enjeux de l'organisation :

⇢ la gouvernance et la vie coopérative avec le renouvellement des élus et l'évolution du nombre de membres

⇢ les grands équilibres économiques avec le bilan de la campagne passée, l'analyse du développement commercial (chiffre d'affaires et diversité des clients) et la vérification de la gestion de la prime de développement

⇢ l'autonomie financière et les besoins d'accès au crédit pour financer la collecte des produits

⇢ les perspectives d'investissement dans la transformation par exemple

⇢ la volonté de diversifier les produits : une coopérative qui travaille 3 produits différents est plus solide, plus résiliente qu'une coopérative avec un seul produit ; il en va de même pour les producteurs, individuellement sur leur parcelle

⇢ les besoins en appui technique : formation des élus, appui technique sur des pratiques agricoles, sur la certification bio ou les dernières normes et règlementations, renforcement des capacités sur la transformation ou la qualité, etc.

⇢ l'identification des projets sur lesquels Ethiquable peut aider et faire levier : nouveau produit/ débouchés, formation, appui technique

Et après ?

De retour au bureau, les informations recueillies permettent de s'adapter aux besoins des coopératives et d'accompagner leurs dynamiques.

Si un problème est identifié sur l'accès au crédit, il faudra faciliter leur mise en relation avec une banque solidaire. Si leur projet repose sur une diversification vers un nouveau produit, nous essayerons de voir comment nous pouvons mettre en valeur, puis commercialiser ce produit pour consolider leur démarche. En cas de besoins techniques, nous échangerons avec des ONG partenaires pour monter un projet d'appui pour cette coopérative, ou encore nous mettrons en relation l'organisation avec une autre coopérative partenaire qui a rencontré la même difficulté technique.