Zoom sur la cajou
On aime ses saveurs toutes douces, sa version croquante ou plus fondante en purée. Si la cajou a la part belle dans notre gamme, ce n'est pas un hasard. Petit zoom sur la coopérative COOPAKE et ses noix de cajou équitable et biologique au Burkina Faso.
Une filière qui permet d'offrir une cajou transformée sur place, directement par les producteurs. A la clé, 150 emplois salariés générés, des coques réutilisées comme combustible pour alimenter un atelier à énergie positive.
On vous explique toutes les belles raisons de fondre et faire fondre cette noix dans nos recettes.
Cajou : des filières qui ne ruissèlent pas vers les producteurs
Cette demi-lune est sacrément voyageuse. Si elle est majoritairement cultivée en Inde et au Vietnam, elle vient également de Cote d'Ivoire, du Nigéria, des Philippines ou du Brésil et se retrouve décortiquée en Asie. Un circuit qui ajoute des milliers de kilomètres au compteur avant d’arriver jusqu’à vous. Un aspect qui dérange de plus en plus les consommateurs à mesure qu'ils découvrent ce qui se cachent derrière ce fruit sec. Si ses bénéfices nutritionnels qui ne sont plus à vanter, 3 aspects restent gênants dans cette filière :
- son impact carbone bien évidemment : une noix de cajou voyage 29 350 km en moyenne avant d’atterrir dans nos placards
- la valeur ajoutée issue de la transformation qui échappe très souvent aux productrices et producteurs : une cajou décortiquée équitable et bio vaut 2 fois plus qu'une cajou brute conventionnelle
- les conditions de travail déplorables dans les ateliers de décorticage en Inde : un travail payé à la noix décortiquée, des mains brulées par l'acide contenu dans la coque des noix.
Un marché spéculatif
La cajou décortiquée est un produit à forte valeur et échangée au niveau mondial. Comme elle se stocke facilement, elle fait l’objet d'intenses spéculations et connaît de fortes variations de prix, sans lien avec les coûts de récolte des petits producteurs.
En gardant leurs stocks sous cloche quelques mois (voire plus d’un an), les collecteurs achètent à bas prix puis attendent que ceux-ci remontent pour vendre en réalisant une généreuse plus-value au passage.
Si les prix sont pendant longtemps restés élevés, ils se sont effondrés depuis début 2019. Au Burkina Faso, ils ont perdu 75% de leur valeur !
Des variations dont les producteurs sont les premières, et quasiment les seules victimes. Faisons l'exercice de projeter cette situation dans notre quotidien. Il suffit d'imaginer l’impact d'un salaire divisé brutalement par quatre sur notre niveau de vie !
Créer des filières vraiment rémunératrices pour les producteurs
Ethiquable appuie le projet des producteurs de cajou de la coopérative COOPAKE au Burkina Faso. La région du Kénédougou est essentiellement agricole. La dépendance aux marchés mondiaux expose fortement les producteurs à la variabilité des prix.
Depuis 2017, Ethiquable a choisi de s’engager auprès d'une coopérative de producteurs de cajous qui transforment eux-mêmes leur noix dans un atelier à énergie positive. Adrien Brondel, agronome chez Ethiquable, revient dans cette interview sur la genèse de ce partenariat.
Ethiquable cible en priorité des territoires pour lesquels le commerce équitable est un vecteur puissant de développement. Dès les premiers échanges, la COOPAKE nous a impressionnés par sa forte vision du développement des communautés. Une vision que nous partageons pleinement.
Récolter la cajou avec des cultures associées représente un modèle agricole résilient, qui maintient de l’arbre et des vergers du Kénédougou. L’anacardier retient l’eau dans les sols et participe à un cercle agronomique vertueux entrainant de plus fortes précipitations.
Lorsque nous nous rencontrons, la COOPAKE a la volonté de développer la culture de la cajou au travers de son atelier, construit 6 années auparavant, mais pour lequel elle ne parvient pas à trouver suffisamment de débouchés pour le rentabiliser.
Un atelier de décorticage pour accroître les revenus
Aujourd'hui, les 150 salariés de l’unité de production sont les habitants de la localité d'Orodara, et notamment les femmes des producteurs de la coopérative. Elles travaillent également à l’atelier de séchage de mangues, le deuxième atelier de transformation construit par la coopérative.
Cette activité génère du travail 10 mois par an dans une zone où le travail salarié est très rare.
Un atelier offrant de bonnes conditions de travail
Cet atelier a mis en place de bonnes conditions à la fois en termes de sécurité et d’hygiène.
Les salariés protègent leurs mains avec de l’huile de coton qui neutralise l’acide contenu dans les coques de l’anacarde. Cette solution est privilégiée au Burkina Faso, compte tenu des températures élevées rendant le port de gants peu compatible avec les fortes chaleurs. Les gants maintiennent un fort taux d'humidité sur l'épiderme qui génère des plaies sur les mains des salariées.
Un atelier à énergie positive
Pour décortiquer une noix brute de cajou, le fruit doit être passé à la vapeur pour fracturer la coque facilement et extraire l'amande (la noix de cajou).
Ce sont les coques de cajou issues du décorticage qui servent de combustible au four à pyrolyse. Rien ne se perd, tout se transforme ! Le déchet issu de la transformation devient une ressource pour la coopérative. Une autre manière de valoriser les résidus du décorticage et de faire des économies.
Ces coques sont également utilisées en remplacement du bois de chauffe, la seule source d'énergie accessible aux communautés rurales. La déforestation liée au bois de chauffe est un problème majeur dans la bande sahélienne, entraînant une importante dégradation des sols qui met en danger les systèmes de cultures vivriers, déjà fragilisés par le changement climatique. Le ré-emploi des coques de cajou qui sont jetées généralement dans la nature a un double impact positif :
zéro pollution : les coques relâchent une huile très acide dans les points d’eau avoisinants
zéro dépense en énergie
Les produits équitables et bio réalisés avec les noix cajous de la coopérative COOPAKE