Longtemps considéré comme participant d’une économie marginale — voire même d’une sympathique utopie—, l'économie sociale et solidaire (ESS) s’impose partout dans le monde comme une des réponses nouvelles aux défis que doivent relever les territoires, mégapoles comme petites agglomérations : lutte contre la pollution, recyclage des déchets, propreté, lutte contre les exclusions, promotion de la culture, circuits courts, accessibilité… Autant de secteurs investis par les entreprises sociales, dont les activités sont tournées vers les besoins sociaux et environnementaux fondamentaux des citoyens.
Des projets économiques au service de l'utilité sociale
Alors que le modèle économique dominant du capitalisme financier mondialisé montre ses dangers et ses limites depuis 2008, une autre économie bourgeonne sur les terrains les plus divers, en dessous des radars de l’actualité. Des milliers d’initiatives réparatrices et novatrices tissent une nouvelle solidarité à l’échelle des territoires. Très diverses dans leurs réalités, elles partagent des caractéristiques essentielles : un projet économique au service de l’utilité sociale, une mise en œuvre éthique, une gouvernance démocratique et une dynamique de développement fondée sur l’ancrage territorial et la mobilisation citoyenne.
qui réussissent sur le marché concurrentiel
Rassemblées, en France, sous le vocable d’économie sociale et solidaire (ESS) et d’entrepreneuriat social, ces initiatives ouvrent des voies nouvelles, car elles cherchent à produire, consommer et décider autrement. De façon concrète, elles apportent la preuve que des projets économiques peuvent réussir sur le marché concurrentiel, tout en étant plus respectueux des personnes, de l’environnement et des territoires. Elles ont pour noms : commerce équitable, finance solidaire, agriculture paysanne et circuits courts, services à la personne (petite enfance, personnes âgées…), insertion par l’activité économique, accès à la santé, logement social, monnaies complémentaires, éco-construction, solidarité internationale et tourisme solidaire, coopératives d’activités et d’emplois, recycleries et ressourceries, covoiturage et aide à la mobilité, internet coopératif et logiciels libres, associations et espaces culturels…
Loin d’être une exception française, « l’autre économie » se retrouve et se développe partout dans le monde, aussi bien en Europe que sur les autres continents. Par sa réactivité et les solidarités qu’elle met en œuvre, l’ESS constitue une réponse locale immédiate aux conséquences de la crise mondiale.
Elles sont présentes partout où l’on promeut la recherche du bien commun et chacun peut en bénéficier d’une manière ou d’une autre dans sa vie quotidienne. Cette « autre économie » s’inscrit à part entière dans les valeurs et la lignée de l’économie sociale, celle des associations, des coopératives et des mutuelles, qui était née à la fin du XIXe siècle en réaction à une première révolution industrielle particulièrement brutale. L’économie sociale représente désormais plus de 220 000 entreprises en France, soit plus de 2 millions de salariés et 10% de la valeur nationale créée.
Depuis 2000, l’emploi privé dans l’ESS a progressé de 24%, alors qu’il n’a progressé que de 4,5% dans le secteur privé hors ESS.
Mais au-delà, ses valeurs et ses pratiques peuvent inciter les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens à changer de comportements pour tendre vers une économie plus solidaire, plus équitable et plus responsable.