Nos chocolats au lait réalisés dans la nouvelle chocolaterie Ethiquable ont un petit goût en plus désormais. Nos recettes intègrent le lait bio des producteurs de Biolait, un groupement de producteurs engagés dans une vision exigeante de la production de lait bio en France. Il est transformé en pudre de lait pour être intégré dans nos tablettes par la société Ingredia. Une première en France, ce lait est labelisé bio et équitable en France. L’occasion de vous préparer un petit décryptage autour d’un produit, simple en apparence, mais pas anodin dans le paysage agricole français.
Avec la multiplication des allégations (lait sans OGM, vache en pâturage, lait de coopérative, lait origine France…) les volontés de soutenir les éleveurs ont fleuri. Mais dans ce champ d’engagements beaucoup n’enrichissent qu’en surface. Nous sommes allés sur le terrain, auprès de deux fermes de lait biopour comprendre comment les éleveurs de Biolait s’engageaient pour pérenniser leur filière.
Un lait bio engagé, ça signifie quoi alors ?
Première strate : le label bio européen
Les grandes lignes suivies par tous les productrices et producteurs
• Les vaches laitières doivent naître et être élevées dans des exploitations bio ou à défaut élevées en bio pendant au moins 6 mois avant que le lait puisse être commercialisé en bio.
• Le nombre et la densité des vaches dans les pâturages font l’objet de limitations : 2,5 génisses ou 5 bovins adultes / hectare
• 60 % des aliments pour nourrir le bétail sont produits sur la ferme ou, si cela n’est pas possible, sont produits en coopération avec d’autres exploitations biologiques
• Les pâturages doivent être utilisés aussi souvent que possible : les vaches doivent pouvoir y brouter dès que les conditions météorologiques et l’état des sols le permettent.
• Les étables doivent être aménagées pour favoriser le bien-être animal (hygiène, aération, lumière…).
• L’alimentation des vaches doit être bio. Les veaux doivent être nourris de préférence au lait maternel durant au moins 3 mois. • Les vaches ne peuvent pas être attachées ou isolées, sauf conditions exceptionnelles.
• Pour soigner les vaches, les antibiotiques sont strictement limités (3 traitements / an pour les vaches de plus d’un an, un pour les plus jeunes) et les médecines douces privilégiées.
Deuxième strate : les engagements des éléveurs Biolait pour aller plus loin
Alimentation : les vaches aussi ont droit au local !
Au-delà de l’engagement à n’utiliser aucun produits chimiques, pesticides et OGM comme spécifié dans le cahier des charges bio européen, les productrices et producteurs de Biolait produisent l’essentiel de l’alimentation de leurs troupeaux. 90% est produite sur les fermes contre 60% pour le label bio européen. Pour les 10% restants, dès que possible, les producteurs priorisent l’achat d’aliments chez leurs voisins. Quel impact ?
• Des éleveurs autonomes : produire son propre fourrage réduit la dépendance économique
• Des vaches bien nourries à base d’herbe (250 jours en moyenne en pâturage) et de compléments produits sur la ferme ou en France (céréales, betteraves fourragères, féveroles…)
• Un lait de qualité plus riche en Omega 3 grâce à une alimentation principale en herbe
• Un impact carbone réduit :
o Les compléments alimentaires sont 100% français. Moins de transport, donc, contrairement à l’impact d’une nourriture à base de tourteaux de soja (avec OGM) importés très souvent des Etats-Unis ou d’Amérique latine (Brésil et Argentine en tête)
o Pas de déforestation importée : zéro achats d’aliments source de déforestation, pas de culture ni importation de soja
o Une relocalisation en France de la production destinée à l’alimentation animale, notamment de légumineuses (soja, féverole) qui contribuent à la fertilisation des sols Et une conséquence directe
• Les 10% d’alimentation animale qui peuvent être achetés en dehors de la ferme sont généralement plus chers qu’une qualité comparable issue de l’importation (20 à 30% plus cher en moyenne, voire 50% selon les périodes), ce qui a un impact direct sur le coût de production
Ce critère 100% alimentation origine France est un vrai choix politique fait par les adherents de Biolait, avec des conséquences directes sur le mode et les coûts d’élevage. Cette pratique est auditée par un organisme externe afin de garantir sa mise en œuvre sur toutes les fermes.
oLes compléments alimentaires sont 100% français. Moins de transport, donc, contrairement à l’impact d’une nourriture à base de tourteaux de soja (avec OGM) importés très souvent des Etats-Unis ou d’Amérique latine (Brésil et Argentine en tête)
Et au final des vaches qui bénéficient de bonnes conditions pour leur développement :
• 1 hectare par vache, soit 40 terrains de tennis !
• 80% de la surface des fermes en prairie
Le bio, un engagement pour toute la ferme
Chez Biolait, les exploitations sont non-mixtes, c’est-à-dire que toute leur production est en bio. Que ce soit pour la production comme pour la transformation. Chaque ferme qui rejoint le groupement, a 5 ans pour convertir toute sa production en bio.
Une logique qui permet d’opérer de véritables changements sur les fermes.
L’entraide et la coopération pour aller plus loin
Valérie Chaillou Février et Laurent Février sont éleveurs et membres de Biolait - Mervent (Vendée)
- Des coûts de collecte homogènes : collecter du lait en montagne où un camion va parcourir plus de distance (fermes plus espacées) revient plus cher que collecter du lait en plaine. Chez Biolait les coûts sont répartis et indifférenciés, c’est-à-dire que le coût de la collecte du lait n’est pas répercuté sur l’éleveur, et donc que tous les producteurs.trices de Biolait touchent exactement le même prix, indépendamment de leur localisation. Une illustration de la solidarité prônée par le groupement
- Une collecte pour tous les producteurs : Biolait collecte le lait des petites fermes comme des grosses. Contrairement à certaines coopératives conventionnelles, le groupement n’empêche pas ses adhérents de transformer une partie de leur lait (fromage, yaourts) pour la vente directe. Cela a pourtant une implication concrète, puisque après transformation le volume de lait disponible pour la collecte est beaucoup plus faible, voire aléatoire (certaines semaines seulement, masi pas à chaque tournée du camion de collecte).
- Un appui technique pour accompagner les nouveaux adhérents en bio, mais également développer l’activité pour tous les membres, 14 techniciens sur la France accompagnent les fermes adhérentes
o Aides à la conversion bio des fermes : primes et accompagnement technique. Produire du lait bio suppose de vrais changements de pratiques. Cette révolution des modes de production s’accompagne d’une baisse de la production (de l’ordre de 25%).
o Développement de nouvelles zones de collecte en bio
o Accompagnement des éleveurs sur la Démarche Qualité Biolait, mise en place en 2014, notamment l'appui à la mise en place de prairies permanentes. L’alimentation à l’herbe est une pratique technique. Les appuis techniques et financiers de Biolait, ainsi que les échanges entre adhérents, permettent de faciliter le choix des variétés, l’implantation des prairies, la création de chemins d’accès, des haies, des réseaux d’eau, etc
- Une gouvernance démocratique :
o Les éleveurs et éleveuses prennent toutes les décisions stratégiques et politiques de leur groupement selon la règle 1 Ferme = 1 voix
o La vie démocratique interne est organisée de manière à inclure et favoriser la participation de chacune et chacun. Des rencontres locales sont organisées et animées par les producteurs pour favoriser l’échange d’information, la discussion, le débat autour de thématiques comme la construction du prix du lait.
Le Groupement tire les pratiques vers le haut
et transforme l’agriculture sur tout le territoire.
Des vaches à l’ombre des grands arbres
Nicolas Blanchard est éleveur en GAEC sur la commune Le Boupère (Vendée) et membre de Biolait
La course à l’intensification sur les fermes pour réduire les coûts de production à l’hectare a fortement contribué à faire disparaître les arbres dans les parcelles.
70 % des 2 millions de kilomètres de haies présents en France à l’apogée du bocage (1850-1930) ont été détruits, soit 1,4 million de km * (source Solagro).
Chez Biolait, les producteurs plantent, taillent et entretiennent les arbres autour de leur pâturage. L’intérêt ?
- Limiter l’érosion des sols (coulée de boue...). Une grosse averse et c’est toute la terre qui part dans une parcelle en pente. Les arbres maintiennent le sol
- Favoriser la biodiversité : les arbres servent de nichoir et accueillent une diversité d’espèces, : oiseaux, insectes polinisateurs, utiles dans les activités agricoles
- Ombrage pour le troupeau, protection contre la pluie et le vent
- Source d’énergie renouvelable avec le bois issu de l’entretien des haies
- Améliore la fertilité : l'herbe est plus dense le long des haies
- Contribue à la diversification alimentaire du troupeau. Les haies constituent une faible proportion de l’alimentation du troupeau (2 à 5% en volume), mais améliorent la diversité des espèces végétales consommées par les vaches.
Miser sur l’humain
- Le bien-être animal est au cœur de la démarche Biolait tout comme celui des éleveuses et éleveurs
- Le groupement favorise ses membres en reversant l’intégralité des bénéfices de l’activité de collecte
- Il met en avant leur savoir-faire et assure un travail de représentation que ce soit en communication mais auprès d’autres acteurs de la filière agro-alimentaire ou laitière
- Il favorise les actions permettant une pérennisation de la filière : nouveaux débouchés
A propos de Biolait
Biolait est depuis son origine un Groupement de producteurs 100% bio. Il a été fondé en 1994 par 6 producteurs désireux de créer la filière laitière bio. Près de 30 ans plus tard, ils forment une communauté de 1400 fermes adhérentes soit 2 500 productrices et producteurs, plus que jamais engagés pour une agriculture différente.