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Les Actes du Séminaire Commerce Equitable : la nécessaire réorientation

Publié le 20 mai 2016 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2020

Une salle comble avec plus de 100 participants... Le Séminaire Commerce Equitable : la nécessaire réorientation du jeudi 19 mai n'a pas laissé indifférent.

Il faut souligner l'ambition de la jeune association Symbole des Producteurs Paysans France, dont ETHIQUABLE est co-fondateur avec Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières, Biocoop, Café Michel et AEDEAR Rhône-Alpes : proposer une réflexion trop rare sur les pratiques du commerce équitable en croisant des points de vue d'expert.

En voici quelques instantanés.

Lire les actes du séminaire (pdf)
 

Bernard de Boischevalier, président de l'Association Symbole des Producteurs France

"Nous voulons aujourd'hui un débat non sur les valeurs mais sur les pratiques de mises en œuvre du commerce équitable. En effet, qui s'oppose aux valeurs du commerce équitable ? Personne. Par contre, les pratiques diffèrent et il est nécessaire d'en débattre dans une perceptive d'un impact renforcé pour les communautés paysannes."


 

Table ronde : tensions et défis du commerce équitable pour les producteurs

Face à l’épreuve du marché, le commerce équitable tient-il toujours ses promesses ?

Rosa Guaman, Présidente de SPP - Símbolo de Pequeños Productores

"Nous, petits producteurs, devons être les principaux protagonistes du commerce équitable. Nos surfaces agricoles ne sont pas grandes mais notre capacité à réfléchir l'est ! Nous sommes capables de décider de notre destin."

"Le Symbole s'est créé par et pour les producteurs en 2006 pour leur reconnaissance dans les filières de commerce équitable."

"Le commerce équitable, c'est la transparence et, surtout, la valeur de l'être humain."

"Le commerce équitable avec le Symbole des Producteurs Paysans, c'est aussi le marché local. Nous sommes aussi des consommateurs."

"Nous voulons un commerce équitable avec une participation réelle des paysans et le respect de leurs droits."

Santiago Paz Lopez de la coopérative Norandino

"Aujourd'hui, le café du Pérou est un café de qualité et, ce, grâce du commerce équitable."

"Le commerce équitable a un impact considérable. Notamment pour le marché du cacao où l’on parle même du miracle du cacao."

"Nous sommes d’accord avec la massification du commerce équitable mais nous pensons qu’il ne faut pas de la croissance pour de la croissance. Ce n’est pas une fin en soi mais moyen. La priorité est le renforcement des organisations de producteurs."

"Nous entrons dans une période de commerce équitable "light" en défaveur des petits producteurs. Le Symbole des Producteurs Paysans est une réaction des organisations paysannes à un commerce équitable qui s'est dégradé, pour élever et, non pas, baisser les standards !"

"Le commerce équitable est né pour changer le marché, pas l'inverse. Il est doit être de moyen de renforcer les organisations de petits producteurs."

"La certification commerce équitable de grandes entreprises dans les pays producteurs en concurrence avec des organisations producteurs est une dérive du système. Une entreprise privée cherche à maximiser ses profits. Une coopérative est une organisation de développement : elle se préoccupe des gens, pas que du marché."

"Le commerce équitable n’est pas une question de transfert d’argent. Le commerce équitable est né pour changer les choses. Il doit revenir sur le chemin originel : le renforcement de l'agriculture paysanne "

Tomy Mathew Vadakkancheril de la coopérative Fair Trade alliance Kerala

"En Inde, ce qui domine, c'est le TINA, There Is No Alternative. Moi, je brandis l'étendard du commerce équitable pour dire TIA : There Is an Alternative."

"Le commerce équitable aujourd'hui est génétiquement modifié sur certains aspects et cela impacte terriblement son ADN de Justice. Notre défi est de protéger ses valeurs originelles. Nous devons agir au coeur de ce mouvement pour continuer à créer de la dignité".

"Notre coopérative représentent 3000 producteurs sur un total de 60 000 dans la région du Kerala. Ces 3000, ont réussi grâce au commerce équitable à influencer le prix global du marché et ainsi apporter des revenus plus importants aux 60 000."

"Nous sommes la première coopérative engagée dans le Symbole en Inde : il faut responsabiliser les producteurs et faire en sorte que leurs voix soit entendues."

Barbara Guittard, responsable programme d'Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières

"J'ai entendu que le commerce équitable ne marche plus. Il faut le redire : quand le commerce équitable est exigeant, il est porteur d'impacts positifs. Et le thème du renforcement des organisations de producteurs est central."

"AVSF soutient le Symbole car plus qu'un label, c'est un mouvement de producteurs."

 

Table ronde - Les exigences des consommateurs responsables d’aujourd’hui

Qui consomme équitable aujourd'hui ? Quelles sont les motivations à préférer l’équitable en rayon ?
Elisabeth Laville de l’agence Utopies

"Aujourd'hui, les entreprises sont appelées à faire du 100% et, non, des mini gammes vertes dans leur offre de produits : les consommateurs ne sont pas dupes. Il faut ajouter que cela prend du temps. Certaines entreprises se donnent des objectifs à 10 ans avec un discours de continuité contre un discours de rupture (regardez tout le chemin qui a déjà été fait)."

"Arrêtons avec le mythe marketing des années 50 d'une Madame Michu, consommatrice sans cervelle ! Il faut parler à l'intelligence du consommateur car, oui, le consommateur est intelligent, plus intelligent que les marques ne le pensent." 

"Pour le commerce équitable et la consommation responsable, on a cette caricature du bobos urbains aisés... Je pense que ce truc-là est faux et dangereux."

"Les consommateurs sont capables de comprendre par exemple que le prix le plus bas est un leurre, et qu’il nous coûte ailleurs, autrement, en dépenses de santé par exemple. D’ailleurs, les deux premières raisons de la conversion à l’alimentation biologique sont la naissance d’un enfant et la maladie d’un proche."

"Tout le monde veut acheter une trousse pour son enfant mais personne ne veut d'une trousse faite par des enfants : tous les consommateurs ont une conscience."

"La démocratisation de la consommation responsable est un enjeu important. Et si c'est important, alors, il est scandaleux que cela soit réservé à un petit nombre."

"Le défi : comment concilier nécessaire massification de la consommation citoyenne et commerce équitable exigeant ?"

"Les consommateurs attendent d’avoir en face d’eux des acteurs engagés à développer une offre d’alimentation responsable, accessible et attractive."

"Il faut abandonner la tyrannie du « ou » pour épouser le génie du « et » : il n’y a pas qu’une seule voie, toutes les initiatives sont bienvenues."

"Et c’est aussi l’avènement de ce que les Anglo-saxons appellent le « choice editing », qui consiste à changer radicalement l’éventail du choix laissé au consommateur – en cessant de vendre les produits inutilement nocifs à la planète ou aux personnes, en les remplaçant par des alternatives responsables correspondant à ce que les consommateurs attendent d’une innovation."

"78% des leaders d’opinion européens pensent que les produits responsables doivent désormais être proposés à la place des produits conventionnels, et pas en complément".

 

 

Table ronde - Impulser des pratiques engagées pour les entreprises 

Exemples d’engagements

Claude Gruffat, président de Biocoop

"Le commerce équitable est présent chez Biocoop depuis le début. La bio est une cohérence globale qui porte une consommation responsable. Et l’équité est une vraie valeur. Tous ce qui peut être équitable l’est chez Biocoop : 100% de nos cafés, thés, bananes etc. sont du commerce équitable."

"Ce qui nous a séduits dans le Symbole, c’est la démarche portée par les producteurs, un principe intéressant et porteur. "

Lucio Cavazzoni, prédient Alce Nero

"A Alce Nero, nous somme des agriculteurs et des transformateurs depuis 40 ans. Nous ne vendons que les produits de nos membres, ceci inclut les coopératives d'Amérique latine."

"Avoir un seul label, c'est difficile. Ce qui est important c'est d'augmenter la sensibilité des utilisateurs (consommateurs) : la nourriture, est-ce une matière première dont l'origine est sans importance, ou est-ce un produit qui a une histoire ? La nourriture, c'est d'abord affaire de relation. Nous devons manifester le sentiment des luttes qui sont derrière la production alimentaire."

Christophe Eberhart, co-fondateur d'ETHIQUABLE

"Nous utilisons trois labels de commerce équitable sur nos produits, avec un accent fort sur le Symbole des Producteurs Paysans et nous n’avons pas de retours négatifs. Les consommateurs font confiance à la marque. On fait le choix d’expliquer le Symbole : des producteurs qui définissent eux-mêmes le cahier des charges, avec des engagements plus élevés notamment en termes de prix. Les consommateurs nous suivent." 

"Le Symbole n’est pas réservé aux entreprises engagées. Actuellement, c’est vrai : ce sont les entreprises de commerce équitable les plus engagées qui s’y sont mises. La question, c’est de maintenir des standards et des engagements élevés. Si demain les grandes entreprises s’engagent à travailler avec ces standards, pourquoi pas ! "

 
Nous remercions Catherine de la SIDI pour ses précieuses notes, Pauline Véron pour son travail sur l'organisation de ce séminaire, David Eloy pour l'animation de la table ronde entreprises engagées, ainsi qu'Elisabeth Laville pour sa participation à la table ronde consommateur. Et, bien entendu, Rosa Guaman, Santiago Paz, Tomy Matthew, Claude Gruffat et Lucio Cavazzoni.

 

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