Depuis 2015, Ethiquable appuie un programme ambitieux de diffusion de pratiques agro-écologiques auprès de ses coopératives partenaires dans le monde. Déjà 25 coopératives dans 10 pays ont pu mettre en place des unités de fabrication de biofertilisants maison, les biofabriques.
Les biofabriques ont pu être généralisées au sein de ces organisations, impactant ainsi plus de 12 825 producteurs. Cet outil peu coûteux permet à la fois de réduire les coûts des intrants utilisés pour les cultures et d’augmenter les rendements. Deux leviers forts pour développer la rémunération des producteurs.
Ce guide pratique est l'illustration concrète de ce programme.
Il s'agit de l'édition en français d’une première version réalisée en 2018 par l’équipe latino-américaine d'agronomes d'Ethiquable.
L’ensemble des pratiques innovantes proposées ne repose pas sur un idéal technique, mais sur des expériences paysannes qui ont fait leurs preuves pour améliorer la fertilité des sols, augmenter les rendements et lutter contre les ravageurs.
Notre objectif pour cette édition en langue française est de mettre à disposition des agriculteurs d’Afrique francophone les pratiques élaborées en Amérique latine, et de soutenir ainsi une dynamique de diffusion et de création de biofabriques en Afrique de l’Ouest et à Madagascar.
Deux très bonnes raisons de financer ce programme ambitieux
Un intérêt économique pour les producteurs
- Des engrais bios 10 fois moins chers que ceux disponibles sur le marché, même en bio
- Des coûts de production réduits
- Des rendements accrus de 1,4 à 2 selon les productions, les pays, les sols
- Une plus grande résistance des cultures face aux aléas climatiques : attaques de nuisibles…
Un intérêt écologique pour l’environnement
- Lutte contre la déforestation en augmentant les rendements des parcelles existantes, les producteurs n’ont pas besoin de déforester pour trouver de nouvelles terres plus fertiles
- Lutte contre les attaques : mieux vaut prévenir que guérir. C’est la philosophie des biofertilisants qui renforcent les cultures et leur permettent de mieux se défendre en cas d’attaque de champignons ou de ravageurs…
Parcelle témoin d'utilisation de biofertilisants pour la culture du quinoa à la coopérative Coprobich
À gauche : la parcelle a reçu des biofertilisants I À droite : la parcelle n'a pas été enrichie
Biofabrique :
mais de quoi s'agit-il ?
Une biofabrique est une petite unité de production de biofertilisants et de bokashi (engrais fermenté). Ces produits naturels sont réalisés à partir de décoctions de plantes, de la culture de microorganismes prélevés dans l'humus de la forêt et de ressources naturelles disponibles localement ou produites sur l’exploitation agricole. C’est un projet peu coûteux et simple à mettre en œuvre par les agriculteurs. Quelques bidons, un espace de stockage et c'est parti.
2010, Honduras : les précurseurs
Une technique testée et approuvée
Mises en place par des chercheurs japonais, ces méthodes sont reprises en 2010 par la coopérative COMSA, un de nos partenaires café au Honduras. Elles prouvent leur efficacité en 2014 durant l’attaque de Rouille, un parasite décimant les caféiers. Stéphane Senan, agronome chez Ethiquable, avait pu le constater à l’époque lors de ses visites chez les producteurs.
Fort du succès des premiers essais, la coopérative généralise l’utilisation de ces bio intrants maison. Elle crée une école de formation, teste et développe de nouvelles recettes.
- Aujourd’hui, 100% des producteurs utilisent les micro-organismes et le bokashi
- Le rendement moyen des 1500 membres est de 17 tonnes de café par hectare contre 11 tonnes pour les producteurs utilisant des engrais chimiques au Honduras
- Le niveau de fertilité des sols s’est considérablement accru
- La caféiculture est devenue plus productive et plus résiliente
2015 - Essaimer, accompagner, former
Des pratiques diffusées chez nos partenaires
Depuis 2015, nous avons donc décidé de contribuer au développement des biofabriques en nous appuyant sur l’expérience des coopératives les plus avancées et en misant sur l’échange de paysans à paysans.
Avec l’appui des formateurs de COMSA plusieurs séminaires de formation ont été mis en place dans différents pays, comme en Équateur, en Colombie, au Mexique mais aussi en Côte d'Ivoire à Madagascar ou au Togo.
Un guide de formation en espagnol et en français a été élaboré, support de communication pour les paysans formateurs et leurs futurs stagiaires.
Expérience de Don Jorge, producteur de cacao biologique en ÉquateurEn 2016, la parcelle de cacao de Don Jorge affiche un rendement faible de 400 kg/ha, avec des problèmes de maladies, telles que le champignon Monilia et la pourriture brune des cabosses.
Il débute avec des élagages, une application de pâtes cicatrisantes et une association avec des plantes curatives. Il effectue, tout au long de l'année, des pulvérisateurs de biofertilisants de croissance et de fructification et de bioprotecteurs. Il applique, en plus, du Bokashi au pied de chaque plant. Trois ans plus tard, le nombre de plantes touchées par les maladies a chuté de 70% et son rendement de cacao atteint 1100 kg/ha.
20% de fertilité des sols gagnée dans le Chimborazo en Équateur
Le programme de biofertilisant a commencé en 2017 à la coopérative Coprobich une coopérative de producteurs de quinoa. 3 ans après le démarrage du programme, 65% des coopérateurs appliquent du bokashi et des micro-organismes en foliaire. Les rendements ont augmenté d’au moins 20%, la fertilité des sols s’est améliorée significativement.
En 5 années, les biofabriques ont pu être généralisées dans 25 coopératives impactant ainsi plus de 12 825 producteurs.
Un programme complet
Pour assurer un véritable impact à l’utilisation de ces intrants bio, cette formation est complétée par celle de la taille des arbres, cacaoyers ou caféiers principalement.
“Si on fertilise un arbre mais qu’on ne le taille pas, c’est un peu comme si on se parfumait sans se laver !”
Le spécialiste des Biofabriques chez Ethiquable est notre agronome Luis Lojan. Il se rend dans les coopératives depuis 2018 pour former les producteurs et ainsi assurer une maîtrise complètes des pratiques agroécologiques.
A gauche : Luis Lojan, agronome Ethiquable basé en Équateur donnant une formation à la coopérative de cacaoculteurs Lazanny Sambirano à Madagascar.
A droite : des producteurs apprenant des techniques de taille pour recéper des cacaoyers anciens.
Des recettes au naturel
Bio-intrants, biofertiliants, bioprotecteurs : de quoi parle-t-on ?
Litière Forestière Fermentée
La litière forestière ou humus est prélevée en forêt. C'est un concentré de vie microscopique contenant des millions de bactéries, de levures, de champignons, etc. La litière forestière sert de base pour produire par fermentation les intrants agroécologiques. On obtient alors de la litière forestière fermentée solide ou liquide.
Biofertilisants liquides appelés aussi bioles
Il existe plusieurs recettes de bioles. Ils apportent des minéraux et des oligoéléments, qui sont les nutriments essentiels pour les cultures.
Bioprotecteurs
Ils sont préparés à partir de plantes et de litière forestière fermentée liquide. Ils permettent de lutter contre les parasites et les maladies.
Bouillies minérales
Elles sont préparées à chaud ou à froid à partir de mélanges de minéraux. Elles servent principalement à contrôler les maladies et les insectes.
Bokashis
Ce sont des engrais préparés avec de la matière organique fermentée pour fertiliser le sol.
Les recettes de intrants agroécologiques que nous conseillons, sont à utiliser en complément d'itinéraires techniques : l'élagage en agroforesterie pour le café et le cacao, les rotations pour les cycles courts, l’association des cultures et de la couverture des sols... De même, ces intrants agroécologiques ont un impact très limité sur les parcelles où les techniques de base de fertilité des sols ne sont pas appliquées.
Des producteurs de cacao de la coopérative FONMSOEAM en Équateur durant une formation aux biofertilisants. Préparation du matériel végétal utilisé ensuite pour les décoctions
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Fertilité des sols : essaimer les innovations paysanne
